J'écris ces quelques lignes à la veille du départ pour le Maroc.
Les affaires sont prêtes, l'excitation monte!
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Ça fait 12 ans que je cours, des cross du lycée aux marathons en passant par la SaintéLyon en 2016 et un Trail de 100kms en 2017.
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Je suis très heureux de pouvoir prendre le départ de la 36ème édition du Marathon des Sables, cette course mythique qui embarque 1000 coureurs pour une aventure de 250kms dans le désert marocain en 7 jours.
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Cette course par étape est toute particulière pour moi car elle se déroule sur plusieurs jours (en moyenne une quarantaine de kms par jour), en autonomie alimentaire (j'emporte tout ma nourriture en lyophilisé pour la semaine) et surtout dans le désert, environnement que je vais découvrir avec émerveillement.
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Cette aventure, je la vois comme un challenge sportif personnel mais aussi une merveilleuse semaine de rencontres avec des passionnés qui veulent se dépasser. Pour vivre cette expérience à fond, je donnerai des nouvelles uniquement par mail une fois par jour et ma petite soeur, Madeleine-Sophie, vous transférera les nouvelles directement sur vos boites mail. Inscrivez-vous en dessous!
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Vous pouvez également suivre mes avancées et les parcours au jour le jour sur le site www.marathondessables.com . Mon dossard est le 271. A très vite sur les réseaux sociaux ou autour d'un verre pour parler de cette belle expérience.
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Marathon des Sables du 25 mars au 4 avril 2022



Matériel
Sac prêt
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J’ai pris short, chaussettes, tee shirt et caleçon en double. Une veste coupe vent, un collant, un haut technique, une serviette, une gamelle, des couverts, une trousse de toilette, un couteau, un sac de couchage, un sac thermique, un matelas gonflable, un tour de cou, une casquette saharienne, des lunettes de soleil, une paire de trail, une paire de guêtres, une paire de bâtons, un morceau de savon de Marseille, une ceinture de courses, une boussole, un opinel, un réchaud, 7 jours de nourriture et un sac ultra léger de 24L
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Poids sans eau: 9,6 kgs
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L’avantage c’est qu’il s’allège au fil des jours
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Surtout s’il manque quelque chose dites le moi maintenant
Départ et préparatifs
Jour 1&2 - départ de Paris et préparatifs
Ça y’est, le réveil sonne à 5h, puis à 5h05. Je file à la douche, café et RDV à 200m de chez moi pour retrouver Francois et Tanguy, deux amis d’un ami commun qui participent pour la première fois aussi.
Nous prenons un taxi direction CDG.
En arrivant au terminal 2B, l’excitation monte en voyant de très nombreux participants dans le hall.
Là on est clairement sur du coureur de compet’
Il y’a un peu tous les profils mais le dénominateur commun c’est clairement l’aspect technique de l’équipement.
A ce stade on ne connaît pas les distances précises de la course, si ce n’est qu’il y a une longue de 80kms environ, une étape le dernier jour de solidarité qui ne compte pas dans le temps final et que le total fait environ 250kms.
J’avoue que j’ai plutôt tendance à foncer sur des idées qui me tentent et à essayer d’en comprendre les tenants et les aboutissants par la suite. Sur le Marathon des Sables c’est clairement la cas, je découvre depuis décembre tout le matériel qu’il faut pour participer à une telle course et j’ai surtout travaillé à l’entraînement pour changer mon type de course ordinaire de chien fou qui part très vite et joue au mental pour franchir la ligne pour un style un peu plus prudent qui consiste à en garder sous la pédale compte tenue de la longueur de cette course si spéciale.
On monte dans l’avion et 3h20 plus tard, on atterrit à Errachida, un aéroport au milieu du désert au sud/sud-Est de Marrakech.
On sort sur le tarmac, il ne fait pas si chaud mais grand bleu. Je dirais au doigt mouillé 25 degrés avec un petit vent agréable.
A ce moment-là je réalise que c’est bon, c’est parti: je vais pouvoir participer au Marathon des Sables.
On passe la douane, on remplit des papiers, un petit thé à la menthe d’accueil à la sortie de l’aéroport et une agréable salutation de Patrick Bauer, le charismatique fondateur de la course.
2h20 de bus nous séparent du bivouac. Après 30min petite pause au milieu du désert pour un picnic façon sortie caillou au lycée. Le soleil tape bien, on réalise que ça va pas rigoler
Par la fenêtre j’observe cet autre monde: des terrains de foot de fortune, des bergers, des femmes qui marchent sur de grands terrains caillouteux et arides, des habitations plus ou moins terminées en terre cuite, des mosquées.
J’ai le sentiment excitant de quitter ma vie urbaine pour une aventure hors du temps et hors de ma zone de confort. D’ailleurs, j’ai appris que pendant la course, nous réglons tous nos montres à la même heure, notre heure à nous pour être dans notre bulle et vivre avec le Soleil.
On nous distribue le roadbook, notre guide papier pour toute l’épreuve. L’occasion de découvrir plein d’informations dont les plus intéressantes et inquiétantes: les distances!
Étape 1 - dimanche: 30kms
Étape 2 - lundi: 38,5kms
Étape 3 - mardi: 32,1kms
Étape 4 - mercredi et jeudi: 85,8kms (étape longue qui porte bien son nom)
Etape 5 - vendredi: 42,2kms
Etapes 6 - samedi: 7,7 kms (etape de solidarité)
Clairement l’étape longue elle fait bien peur
Arrivée sur le bivouac à 15h30, moment magique avec les 130 tentes en arc de cercle autour d’une grande place centrale.
Très chanceux de découvrir le désert dans cette ambiance géniale de sportifs!
Avec Tanguy et François, on découvre notre tente, la 83. Y sont déjà installés Emmanuelle la marseillaise qui gère des simulateurs d’hélicoptères, Fabien et Etienne les Varois qui bossent ensemble chez Cabesto, Romuald le Toulonnais qui bosse dans la Cybersecurite et Cyriac, le benjamin de 22ans étudiant en finance.
Super bonne ambiance dans notre tente berbère
On installe nos affaires, on compare les poids de nos sacs.
En gros de 6 à 8 kgs t’es un champion, 8 à 10 t’es normal, 10 et plus t’es dans l’excès.
Je suis à 10,6 donc clairement ce soir je vais devoir dire au revoir à des petits objets apparemment futiles (qui depuis mon appart me semblaient nécessaires
- réchaud, crème pour les pieds…) gramme par gramme ça va le faire!
J’ai bien toutes mes affaires, suis très heureux de vivre cette course.
On vient d’avoir le mot d’accueil avec tous les participants 985 sur 1032 inscrits.
Il y a un dizaine d’anglais de plus que de Français
Hier soir dîner très festif dans de belles tentes marocaines pour déguster un repas chaud bien au chaud.
On sent que chacun fait des réserves pour la course. Il y a une dizaine de stands et clairement chacun se sert à chaque stand par peur de louper le bon ingrédient
Je me retrouve avec des lentilles, du poulet, des carottes, des spaghettis, de la sauce tomate du riz…
Étienne, le sudiste, a vécu quelques années au Maroc et nous apprend donc les rudiments de cette langue chantante.
Pour l’instant ce que j’ai retenu c’est Hamdoullah - pour remercier grâce à Dieu- bsaha- pour féliciter et mettre de la prospérité et Inch’Allah - si Dieu le veut, pour souhaiter bonne chance.
J’ai déjà une bonne base
L’ambiance du campement est magique de nuit, je trouve ça impressionnant d’installer autant de choses au milieu du désert.
L’armée est mobilisée pour nous sécuriser et monter et démonter le camp tous les jours.
On regarde les étoiles avec Emmanuelle, Fabien et Etienne, magnifique ciel dégagé!
Après le dîner, on file tous au lit à 8h30. Ça fait bien longtemps que je ne m’étais pas couché à cette heure là un vendredi soir.
Dans notre tente ouverte aux quatre vents nous nous couchons avec nos sacs de couchage ultralight et les affaires que nous aurons pour la nuit.
On s’endort tous bien vite avec des boules quies pour éviter toute contrainte sonore des 1000 participants alentour.
Nuit 1 et jour 2 - Ca va partir!
Première nuit, à 3h15 du mat’ le verdict tombe: ça caille sévère!
Je pars faire pipi à quelques mètre du camp. L’ambiance est extraordinaire: une lune brillante, un silence feutré et ces tentes noires qui se dessinent sur le sable. J’en oublierais presque le froid.
Je mets mon collant, mes chaussettes, un deuxième teeshirt, une des mes guêtres sur la tête et ma veste technique. Je ferme mon sac de couchage. Cette technique du all-in m’emmènera tranquillement jusqu’à 6h30 du matin et un lever de soleil somptueux.
Le camp s’éveille. Toute la tente à caillé. Ça rassure. C’est bête mais savoir qu’on est pas le seul c’est toujours sympa. Je sens déjà la camaraderie qui s’installe.
On file au petit dej à 7h. Rebelotte: on prend tout ce qu’on peut prendre et surtout notre dernier café pour une semaine!
Rachid El Morabity, le vainqueur des 8 dernières édition vient nous saluer. Il est extrêmement sympathique et humble. Avec son frère Mohammed ils chopent les 1ère et 2ème places chaque année avec un moyenne supérieur à 13,5 km/h sur 250 bornes. Juste wahouuu!
Aujourd’hui on a le contrôle technique, pour checker tout le matériel de sécurité et nécessaire à la course.
Déjeuner encore chaud à déguster sous le soleil de plomb mais une chaleur acceptable.
On se regarde avec nos casquettes saharienne et nos lunettes du futur et on se dit qu’on a vraiment l’air de gens bizarres qui partent en vacances à la dure.
Après le dej on file au Check technique, on pèse nos sacs. Verdict: 11,0 kgs.
Va falloir sacrifier un peu des choses.
Je récupère mon dossard, le 271!! C’est sûr je vais prendre le départ!!! Très heureux
De retour dans la tente ou tout le monde somnole, discute, rigole et trie ses dernières affaires.
Je sacrifie la moitié de mon morceau de savon de Marseille à la lavande, quelques barres, un plat en trop, un smecta sur les 6 et Fabien m’offre deux mini antiseptiques pour que je jette mon gros spray.
Je dois être descendu à 10kg6, c’est peut être un détail pour vous mais ici ça veut dire bcp. Maman ne t’inquiète pas, je ne prends pas de risque.
Tout est prêt, on boit bien de l’eau, on avale des pastilles des sel pour compenser la perte.
Dîner a 19h heure du camp puis dodo sans tarder. On va barricader la tente ce soir pour moins laisser entre le vilain vent.
Grand départ le lendemain
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Le grand départ! @marathondessables
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J’ai écris ces lignes depuis une tente avec 16 ordis de 2010. On dirait des hackers version Berbères.
Il fait 30 degrés.
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On a très bien dormi avec la tente en mode fermée. Ce matin énorme excitation sur le camp, départ à 9h00. Petit déj, je refais mon sac une dernière fois. Tout est bon!
La tente 83 se check et le départ est donné avec Highway to Hell à fond, inquiétant.
La grosse inconnue de cette course c’est de savoir à quelle vitesse partir. L’excitation donne envie de partir vite, la raison voudrait que je me menage pour finir la semaine.
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L’excitation l’emporte et dès le départ je m’accroche aux avants postes.
Incroyable de partir dans le Sahara; c'est magnifique!! Grande première pour moi. Je partage un bon bout de l’étape avec un danois (heureux). Je bois beaucoup!!
Le paysage change très vite et les dunes commencent. C'est dur! Checkpoint à 13kms, tout va bien. Pas loin de 10km/h de moyenne avec un sac de 12kgs avec eau. Ça m’arrache les épaules et le dos.
Je ralentis un peu sur la deuxième partie. J’ai une douleur à l’aine et un coureur osteo me conseille de boire beaucoup. J’avais déjà l’impression de ne faire que ça.
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Au 28eme, au sommet d’une petite Coline, j’aperçois le bivouac, première libération. L’aventure est bien lancée!!
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L'expérience est dingue et je sens que le mental va être mon plus grand allier. Arrivée en 3h31, 88/902. Heureux et crevé!
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Le the à la menthe à l’arrivée est un bonheur
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Je me fais mon taboulé et mon beef jerky. Sieste. Les copains arrivent au compte goute, tres content de les retrouver dans la tente. Aprèm au calme et au lit à 20h. Demain c’est 38kms.
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Ps: je vous mets un message de mon oncle qui m’a trotté dans la tête toute la semaine





2e étape, dans le vif du sujet !
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38kms aujourd'hui avec beaucoup de sable, un vent d'enfer plein pif et une montée d'un djebel (montagne), le tout avec une chaleur acceptable mais pas loin des 35 degrés.
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J'ai jeté ma gamelle et ma serviette, le poids est le pire ennemi.
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J'ai couru environ les 2/3 de la course piano piano.
Le reste du temps c'était marche plutôt lente, pas beaucoup de force aujourd'hui et sentiment de forte chaleur.
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Une fois en haut du Djebel, une énorme descente de folie dans le sable.
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Trois derniers kms au mental avec tempête de sable. Extrêmement content de passer la ligne!
J’apprends par la suite que la tempête à causé beaucoup de difficultés aux coureurs qui ont été pris dedans avant la monté du Djebel et ont lutté pendant plusieurs heures… 70 abandons annoncés le soir-meme…
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À l'arrivée, le camp est un chao total, une tente sur deux est par terre dont la mienne. Je me pose avec des Belges extrêmement sympathiques, au moins je suis pas tout seul à être tout seul. Je rencontre Guillaume qui sera mon compère pour les trois prochaines étapes
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Cette tempête ne va pas nous aider à nous reposer. Je suis très heureux quand même ;) 60/896 en 5h15 aujourd'hui et 70eme au général, ça me parait dingue!
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Dodo à 19h30 et stratégie sarcophage suprême pour se protéger du vent et sable